L'hégémonie Facebook : l'avenir du net en question

De Vulgum Techus
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Google vs Facebook

Google que l'on présentait comme le grand Satan de l'ère numérique est en passe d'être détrône par un concurrent beaucoup inquiétant que lui en terme de respects de la vie privée et de concentration d'informations : Facebook (FB). Ce qui était pressenti est maintenant avéré : Facebook accroît son périmètre au dépend de Google et nous donne un aperçu de ce que pourrait être l'Internet de demain : un site omnipotent dont on ne sort plus qu'en de très rares occasions comme la tendance le confirme dans plusieurs rapports qui font clairement était d'une part croissante d'usager ne sortant plus de Facebook ! Cela pose de sérieuse question sur la capacité de réaction de la concurrence et des groupes de pouvoir qui semblent tous hébétés face à l'insolente montée en puissance du bébé de Mark Zuckerberg. Il est aujourd'hui évident que Google+ n'était pas la réponse adéquate. Les raisons de cet échec tiennent dans la présentation même de Facebook. En effet, ce dernier n'a fait montre d'aucune originalité. Sa présentation en blog est des plus banales. L'intégration des commentaires à la file n'a rien d'innovant. On peut même dire qu'elle est rustre et qu'elle pourrait être améliorée de bien des manières. Mais pourquoi faire ? Le produit Facebook a séduit parce que simple et accessible aux plus grand nombre. L'idée force est cet irrépressible besoin des utilisateurs du net de créer des communautés diverses et variées et de pouvoir s'y exprimer en continu. Le tri sélectif des relations est aussi un point fort qui a conforté Facebook dans sa position de leader incontesté des réseaux sociaux à un point tel qu'il devienne le seul et unique centre d'intérêt sur Internet. Les victimes collatérales de cette centralisation croissante des utilisateurs ont été nombreuses. Les forums, en premier lieu, ont payé le plus lourd tribut. Tous ceux qui avaient bâti de solides réputations sur des spécialisations appréciées ont subi une hémorragie d'usagers assez phénoménale. Rien n'a pu arrêter ces exodes et pour cause : non seulement ils ont retrouvé les centres d'intérêts qui étaient les leurs mais en plus, ils ont pu naviguer vers d'autres horizons sans jamais quitter le navire ; Imparable !

Quel avenir pour le net ?

La question est crucial et beaucoup doivent se la poser, de Seattle à Palo Alto... Pourtant la réponse est toute trouvé. Si aucune réponse tangible n'est donné à cette concentration d'usagers, certains sites vont manger la poussière à plus ou moins brève échéance. L'évolution présumée de Facebook ne laisse que peu de doute sur l'issue :

  • Intégration d'un moteur de recherche internet -> Google, Bing, Yahoo!
    • Effets indirects -> une recherche qui deviendra centralisée et qui finira par exclure le reste du Web
  • Intégration de rédactionnels -> Google News, Yahoo!, les agrégateurs de news
    • Effets indirects -> une vassalisation des médias
  • Intégration de pages personnelles -> L'ensemble des plateformes de blogs + des millions de sites
    • Effets indirects -> Disparition de nombreux métiers (webmaster, hébergeurs, etc.)
  • Intégration d'un cloud -> l'ensemble des plateformes de cloud, sites de partage de fichiers
    • Effets indirects -> Les hébergeurs de contenus audio (SoundCloud), d'images (Flickr) et de vidéos (YouTube, Dailymotion) seront aussi très sérieusement impactés par la multiplication des services proposés par Facebook pour la simple et bonne raison qu'il n'y a plus lieu d'y recourir si ces différents hébergements sont directement accessibles sous Facebook ce qui est déjà largement le cas sous une forme encore très primitive.

Un regroupement problématique

Cette multiplication des offres aura donc des effets très violents :

  • Disparition de millions de blogs et de sites qui se vassaliseront dans des pages internes à FB
  • Affaiblissement des seuls concurrents capables de lutter pied à pied avec FB
  • Une annexion de fait d'une part importante de l'audience et du contenu qui mettra FB dans une position de domination telle qui deviendra quasiment impossible de créer toute opposition éventuelle voire de formuler la moindre contestation
  • FB, par la masse d'informations dont il disposera sur chaque individu deviendra un partenaire stratégique des États qui verront en FB, un inestimable allié dans la récupération d'informations très riches sur chacun (relation, centre d'intérêt, présence, interaction, messages, achats, consultations, etc.)

Comment lutter ?

Il semble aujourd'hui, à la lumière de l'expérience peu flatteuse de Google+, que concurrencer FB frontalement relève de la gageure. D'autres options bien plus subtiles pouvant être mises en œuvre rapidement sont encore envisageable. La surcouche en est une qui est aujourd'hui probablement celle qui peut faire le plus peur à FB. En effet, comme expliqué plus haut, malgré une débauche d'options plus ou moins alambiquées, la rusticité de FB en terme d'offre permet d'envisager un "FB alike" qui travaillerait en parallèle pour proposer une formule équivalente en exploitant les données issues, dans un premier temps, de FB puis les siennes en propre. Comment pourrait fonctionner une telle surcouche ?

Imaginons un produit qui s'installe en parallèle. Il reprend les données issues de FB, les extraits et les mémorise sur des sites concurrents ou créés pour la circonstance à savoir :

  • Données de l'utilisateurs (paramètres, amis, abonnements, groupes, etc.) -> sur l'ordinateur ou le smartphone de ce dernier avec backup sur un cloud)
  • Images de l'utilisateur -> sur un site d'hébergement d'images (Flickr ou équivalent par exemple)
  • Vidéo de l'utilisateur -> sur un site d'hébergement de vidéos (YouTube ou équivalent par exemple)
  • Son de l'utilisateur -> sur un site d'hébergement d'audio (SoundCloud ou équivalent par exemple)
  • L'ensemble des messages reçus et émis par l'utilisateur -> sur un cloud

Une fois ces données, l'intégralité de ce qui définit un utilisateur FB est alors accessible par la surcouche qui peut donc en faire bénéficier d'autres usagers disposant de cette même surcouche sans plus avoir besoin d'accéder à FB. Ainsi, usager après usager, il sera possible de dissocier des milliers, voire des millions d'usagers, de FB et d'arriver rapidement à bénéficier d'une prestation identique, voire supérieure, de manière décentralisée, démocratique, sans enjeux financiers et plus éthique à savoir :

  • Absence de centralisation des données
  • Liberté d'accès et de migration de tous les contenus (texte, historique, audio, vidéo, images)
  • Cryptage de bout en bout
  • Amélioration des fonctionnalités à savoir :
    • Moteur en Open Source permettant l'ajout de plugins librement développés par une communauté libre de tout impératif commercial
    • Mutualisation des ressources pour les traitements les plus importants (indexations, tris, transferts de données lors des maintenances, etc.)
    • Mise en place d'une démocratie régissant le réseau

En conclusion

Au terme de ce premier jet, il est évident que Facebook représente un véritable défi en terme de démocratie et de préservation de l'Internet partagé et au service de tous tel que le plus grand nombre le souhaite. Facebook fait vaciller les monopoles des concurrents et accroît le sien de manière exponentielle ce qui représente un danger bien plus grand que celui contre lequel on s'élevait avec vigueur. Il est toujours possible de ralentir et, pourquoi pas, de stopper la cannibalisation du net par 'Facebook en exploitant ses propres armes dans un esprit totalement différent. Un esprit qui ne ferait plus de la centralisation et l'appropriation des données une condition sine qua non en ouvrant à la démocratie un territoire dont elle était exclue. Cela nécessite un travail collectif important et une prise de conscience des usagers pour qu'ils choisissent rapidement l’alternative libre à celle qui ne profite qu'à une poignée de spéculateurs ainsi qu'à des états qui ne voient en lui que le plus court chemin vers l'accès à l'intimité des citoyens. En tout état de cause, la passivité n'est plus permise et ce présent article n'avait d'autres objectifs que d'entamer une réflexion sur les moyens d'en sortir.